Flamenco : Maribel Ramos La Zambra

Le groupe de Maribel Ramos La Zambra comprend deux couples de danseurs, deux chanteurs et un guitariste. Ils jouent un Flamenco qui n’est pas qu une danse, mais aussi un moyen de communication dont dispose le danseur pour exprimer différents états d’âme : passion, émotion, défi

Lors du festival Malhounyat d’El Jadida, on a vu des danseurs entamer le spectacle par une mise en train nécessaire, afin de s’imprégner du rythme entonné par le son de la guitare. Suivirent claquements de mains et chant. Puis c’était parti pour une nuit de fête et d’une danse dont le rythme était imposé par la voix du chanteur. Une voix envo»tante, chaude et suave a la fois. Dès qu elle s’éleva dans la scène Breija, située au vieux port, en plein centre-ville, ce fut un instant presque sacré. Un moment durant lequel ne comptait plus que la musique

Mais ce Flamenco ce n’était pas que le chant. c’était aussi cette danse, violente et sensuelle qui se mêlait a la musique dans une même passion. c’était cette explosion des émotions de l’artiste sur son visage et a travers tout son corps sans fioritures, dans le juste ton de cet art qui est avant tout un état d’esprit, celui de la fête et du feu.

Le danseur interprétait par le physique, les mots chantés par le cantador. Il exprimait probablement, cette douleur de la persécution des peuples de l’histoire flamenco.

Par leurs mouvements de bras gracieux et des claquements intensifs des pieds et des mains, les deux duos de danseurs venaient de représenter les danses du flamenco les plus intenses. Ils ne se quittaient plus du regard et se défiaient constamment et agressivement, créant de la sorte, une compétition passionnelle, sexuelle et émotionnelle.

Ce soir la, les Jdidis avaient rendez-vous avec des artistes dotés d’un immense talent. Des danseurs qui ont cherché par cette création empreinte de spiritualité et d’humanité, suave et sauvage, a porter les âmes vers les hauteurs et les corps vers la transe !

Chant, musique et danse s’entremêlèrent pour porter au plus haut le talent de chaque artiste. Joie et douleur n’en faisaient plus qu une. Une intériorité telle, que l’emprise devenait immédiate ! l’instant devenait magique transportant par la même occasion un public totalement envo»té, charmé, conquis… On aurait dit qu une même vague d’émotion, venait de déferler sur le public , le faisant profiter d’un flamenco authentique, vivant, sobre et émouvant a la limite du sacré !

Puis vint le moment fort, presque solennel. Le danseur leva les mains en l’air, adoptant une posture qui s’apparente a celle d’un matador allant porter l’estocade finale a un taureau aux forces amoindries. Un moment de grande émotion où les muscles se tendirent. Les sons arrachés a la guitariste et la voix déchirante du cantador, ajoutaient un sus d’émotion a un instant qui en était suffisamment chargé.

Le danseur fonça en direction de sa Dulcinée. Ses claquements intensifs des pieds et des mains redoublèrent de plus belle « La belle au bois dormant» a la résistance affaiblie, céda enfin et se laissa séduire.

Dès lors, les traits des visages qui semblaient naguère si graves, s’apaisèrent. l’harmonie de leur chorégraphie devenait de plus en plus émouvante. Tout n’était que grâce et volupté.

La voix des deux cantadors ne laissait personne insensible. Une voix qui vous donnait la chaire de poule et pénétrait au plus profond des coins et recoins de votre corps. Car les qualités vocales assez remarquables, le style envo»tant adopté, cette manière de « chanter » aussi bien avec son corps que son âme pour exprimer douleur, plaisir, approfondissaient l’envo»tement d’un spectateur dépassé par la beauté des voix, de la musique, des lieux…
Du reste, nous ne pouvons nullement parler des chanteurs, tout en passant sous silence le professionnalisme et la virtuosité du guitariste. On aurait dit qu il jouait pour, mais surtout avec le public, comme bon lui semblait. s’il voulait donner un ton triste ou rageur, les notes de sa guitare en arrière plan, préparaient le public, le chauffaient, comme dans les films a suspense.

Ce guitariste amenait le public la ou il voulait ; donnait un moment l’impression de vouloir l’abandonner, pour le récupérer l’instant d’après et l’amener vers d’autres univers

C était trop de belles choses en une seule soirée. Trop pour un public novice et dont l’imagination galopait a une vitesse folle. Trop d’interpénétration entre réel et virtuel.

Le groupe de Maribel Ramos la Zambra est composé d’artistes passionnés de cet art Flamenco et qui venaient d’obtenir ce soir la dans la capitale des Doukkala, la reconnaissance d’un public Jdidi totalement conquis par le talent de ces grands artistes.

Ce spectacle n’avait pas seulement été qu Art du Chant, de la Musique et de la Danse ; il a été avant tout une AVENTURE HUMAINE.

Abdellah HANBALI
Eljadida.com

Auteur/autrice