Jean Gonzales, pionnier de la plongée jdidie nous a quitté

A la fin des années 50, Jean Gonzales fut incontestablement le pionnier de la plongée subaquatique d’El Jadida, sa ville natale. Employé par l’administration des Travaux publics, il était responsable du garage municipal près de la gendarmerie. Sa passion pour l’océan débuta par la chasse sous-marine en 1954. Il utilisa plus tard, dans un cadre professionnel, un appareil de plongée bi-bouteilles a air comprimé Commeinhnes (antérieur et proche du célèbre scaphandre autonome Cousteau-Gagnan) qui équipait les Travaux publics de toutes les villes marocaines proches du littoral. Sans formation spécifique, uniquement guidé par son bon sens et son intelligence pratique, il parviendra a maîtriser cet outil.

Son initiative hardie, impensable aujourd hui, où toutes les activités professionnelles a risques, exigent des qualifications reconnues par moult « parchemins ». En décembre 1958, il effectue un stage de plongée au GERS de Casablanca. Ensuite, Jeannot montra d’indéniables compétences pédagogiques, initiant un groupe de pompiers d’El Jadida a cette technique, en s’immergeant avec eux dans les eaux troubles de la darse du port, près des installations du Club nautique. Le 26 décembre 1959, a la demande de Monsieur Adigard des Gautries, accompagné par son neveu Jean-Pierre Guilabert, il plongea sous un cargo espagnol La Mancha , mouillé en rade, a quelques encablures de la grande jetée. Il réussira a dégager une aussière, immobilisant son énorme hélice. Il démontra a ce jour-la, audace et efficacité, en réparant l’avarie, dans une mer particulièrement houleuse, sans casse humaine. Astucieux, toujours inventif, il perfectionna dans la crosse de l’arbalète Champion, le mécanisme de blocage de la flèche, par un système en étoile anti-usure de sa conception. Il informa, la direction de la société installée a Marseille, qui le complimenta pour cette amélioration ingénieuse. Depuis, toutes les arbalètes sorties de l’usine furent modifiées selon son idée.

Il construisit plusieurs boites étanches sur mesure pour différents appareils photographiques. Afin de réussir la complexe étanchéité des commandes, il utilisa les mécanismes munis de presse étoupe, des compteurs d’eau reformés de la ville ! Il restaura pour s’en servir, un appareil a oxygène Davis, récupéré par les scaphandriers, a l’intérieur du sous-marin Méduse, échoué au Cap Blanc 16 ans auparavant. Ce matériel d’origine anglaise, agréé par la Marine nationale pour le sauvetage des sous-mariniers, équipait tous les submersibles français de l’époque.

En septembre 1960, étant fonctionnaire de l’état français, il quitte a regret le pays qui l’a vu naître. En France, il fut affecté comme gestionnaire au Ponts et chaussées d’Albi, bien loin des eaux salées qu il affectionnait tant. Heureusement, l’administration le logea jusqu a sa retraite, dans la maison éclusière sur la rive gauche du Tarn, les pieds dans l’eau douce ! l’exposition sur une place de cette ville historique, des restes de l’expédition du comte de La Pérouse natif d’Albi (canons et plusieurs ancres provenant de la fl»te Astrolabe), lui provoqua un plaisir sans pareil, par ce rappel d’aventures maritimes dans le lointain Pacifique sud. Il s’adapta a la plongée dans les eaux glacées et troubles du Tarn.

Il intégra la Protection civile comme pompier bénévole pour former un petit groupe de plongeurs motivés. A leur actif, le contrôle d’écluses au milieu d’énormes carpes centenaires, de nombreuses découvertes de noyés a tâtons dans zéro visibilité et le relevage de voitures accidentées englouties. Il s’immergea avec ses équipiers, dans les canaux, les étangs, les lacs et les rivières du département. Il deviendra moniteur instructeur breveté de la Protection civile, au CIP de Bendor (Var), dirigé par Claude Arzillier, une pointure de la plongée hexagonale aujourd hui disparu. Il enrichira sa passion de la découverte sous-marine et des voyages en encadrant des groupes de touristes « palmés », sous les eaux cristallines de la Méditerranée et coralliennes de la Mer rouge.

Malheureusement, ainsi va la vie, il nous quitte le 29 novembre 2014 a l’âge respectable de 91 ans

Pierre Larue et Jean-Pierre Guilabert
Eljadida.com

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