L Aïd El Kébir, du sacrifice au boulfaf

Comme tout le monde sait, la fête El Adha est célébré le 10 ème jour du dernier mois de l’année de l’Hégire. Une commémoration du sacrifice d’Abraham. Une sorte de clôture en apothéose d’une année rythmée par les fêtes.

Mais cette fête tant attendue commence en réalité bien avant cette date. Surtout pour les petits. Les jours qui précèdent le jour de la fête, les enfants sont dans tous leurs émois en voyant arriver la vedette de la fête. Un belle bête choisie avec soin parmi des centaines d’autres. Parfois au prix de longs déplacements vers des souks plus ou moins lointains.

Car la vedette ne doit souffrit d’aucun défaut. l’œil vif. La peau propre. Le caractère trempé. La carrure athlétique. Ce choix est souvent le privilège du chef de famille qui se fait souvent accompagner par un plus spécialiste que lui afin d’éviter toute mésaventure. Il n’est pas question de se faire avoir et revenir a la maison avec un semblant de bélier !!!

Donc après une longue journée d’attente, les enfants soulagés voient arriver le sujet de leur attente. Tout excités, naïfs, ils courent lui chercher des brindilles d’herbes ou quelques morceaux de pain. Mais il n’est pas question de lui donner n’importe quoi ! Notre bélier doit s’astreindre a un régime alimentaire particulier… Une sorte de lavage interne anticipé ! Choyé, observé, le mouton aura droit a tous les égards de la part de toute la famille.

Le jour “J”, celui de la fête, l’excitation est a son comble. Tôt levés, habillés de vêtements tout neufs, ils attendent avec impatience le retour du père de la prière de l’Aïd. Une autre attente sera celle du boucher. Ce dernier muni de sa gaine qui contient ses couteaux passe de foyer en maison et sans état d’âme procède aux sacrifices.

La fête peut enfin commencer. Dans tout le Maghreb, le premier jour est consacré a la consommation des abats. Boulfaf, brochettes de foie enrobées de crépine sont consommées selon les familles immédiatement après le sacrifice ou comme entrée, du copieux repas qu on prépare a midi (c’est une simple indication) car midi au Maroc ne sonne pas nécessairement a 12h! et où la viande de mouton est encore absente.

Une exception pas toujours connue de tout le monde. Les familles des Chorfas (descendants du prophète) peuvent entamer la viande du mouton le jour même. Elles vont utiliser l’épaule pour confectionner le couscous « J riha » ! une référence au mouton que l’on blesse en lui enlevant l’épaule.

Pourquoi les abats d’abord? Pour des raisons sanitaires, les abats tournent plus vite que le reste du mouton. Raison qui les met en première ligne dans les repas.

Le reste du mouton entier passe la nuit dans la maison enveloppé dans un linge et suspendu. Il n’est découpé que le lendemain. Et selon la tradition, un tiers est donné en aumône, un tiers consommé et un tiers conservé.

Il reste que l’Aid el kébir est une grande fête familiale, du pardon, du partage sous forme de dons de viande et de repas. Le sang et certaines parties du sacrifié sont utilisés a des fins magiques ou thérapeutiques. La vésicule fait l’objet d’interprétation. l’omoplate quant a elle sert a des lire l’avenir. Quand a la qaddida, elle sert a prévenir la stérilité.

Retour aux enfants, de simples observateurs au début, ils prendront part activement a la fête. Ce sera au troisième jour avec « khailouta », traduit « mélange ». ils vont recevoir de la maîtresse de maison quelques morceaux de viande, des légumes aussi. Libres a eux de se débrouiller pour confectionner un plat. Souvent délicieux car fait de leurs propres mains ! Les plus doués s’aventurent même a fabriquer des saucisses…

Et l’année lunaire s’achève…

L’année prochaine, promis, juré, le mouton sera encore plus costaud et la fête encore plus belle.

Mogadorazur

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