Le noir et blanc’est bel et bien vivant!

Forme d’expression artistique susceptible d’interpeller les regards et de susciter des émotions, les photos noir et blanc offrent a voir une multitude de signes qui évoquent un sentiment de nostalgie et éveillent chez le regardant les souvenirs du bon vieux temps.

Incontournables il y a quelques années, les photos noir et blanc, (N et B) pour les initiés, n’ont plus cette aura d’antan et perdent, au fil du temps, leur éclat, incitant les amoureux des clichés en argentique a dépoussiérer leurs albums pour que cet art redore son blason.
Il n’en demeure pas moins qu en dépit de la déferlante numérique, le tirage noir et blanc demeure toujours magique. Les partisans du bon vieux grain d’argent vous le diront : «les vrais films en noir et blanc offrent une profondeur et un caractère difficiles a obtenir outre mesure».
Pour eux, rien ne peut remplacer la subtilité de la gamme de gris et les jeux de lumière qu offre le noir et blanc et les sensations «grisantes» de la chambre noire.

Preuve a l’appui. Ils évoquent cette tranche de l’histoire immortalisée par des clichés réalisés par les grands reporters-photographes qui ont sillonné le monde armé de leurs appareils noir et blanc pour couvrir de grands événements (conflits,catastrophe naturelle, cérémonies officielles ) ou tout simplement pour éterniser ces moments anodins de la vie quotidienne.

Qu en est-il au Maroc ? Alors que certains continuent de prétendre a la fin de l’argentique, il est assez étonnant de voir que des expositions se tiennent un peu partout dans le Royaume (Casablanca, Rabat, El Jadida, Azemmour) et qui se confirment de jour en jour pour nous faire revisiter des images qui ont construit la mémoire collective de tout un peuple.

La dernière en date n’est autre que celle consacrée aux photos rares et inédites de feu S.M. le Roi Mohammed V qui illustrent parfaitement un pan de l’histoire chargé d’événements qui ont construit un héritage indéniable pour les générations présentes et futures.

Ce regain d’intérêt pour les N et B, Jaafar Akil, président de l’association des photographes marocains, le confirme : «la photo noir et blanc retrouve de jour en jour sa place d’antan. Lentement mais s»rement». Pour lui, les mutations que subit le domaine du noir et blanc’est tributaire actuellement du rythme rapide de la vie moderne et de la consommation le comparant a la culture du «Fast food».
Face a la dominance du numérique, le rôle du photographe est devenu «insignifiant» et qui, de surcroît, est de plus en plus attiré par les avantages mercantiles qu offre la nouvelle technologie. Ces techniques ne trouvent pas, pourtant, preneurs.

De nombreux dilettantes et collectionneurs préfèrent acquérir des oeuvres en N et B.

La présence des photographes marocains, avec la participation des artistes étrangers, a plusieurs expositions nationales et dans la presse spécialisée et même dans les domaines de la publicité et de la mode attestent cet engouement.
Néanmoins, force est de constater que pour faire perdurer leur passion, ces photographes ont besoin d’un coup de pouce de la part des utilisateurs de ce support artistique tels les journaux qui devraient leur réserver des espaces afin de les encourager a percer davantage dans ce milieu constitué généralement d’artisans qui préfèrent souvent rester dans l’ombre.

Pour l’histoire, remontons dans le temps. Vers 1839, les premières expériences menées par Nicéphore Niépce et reprises par Jacques Daguerre ont abouti a la découverte de la daguerréotype (image de la réalité obtenue sur une plaque de cuivre recouverte de sels d’argent sensibles a la lumière).

c’est la naissance de la photographie qui s’est rendue, au fil des recherches et en un peu plus de 150 ans, indispensable non seulement en révolutionnant la perception du monde moderne mais est devenue aussi un art et une industrie a part entière.

Tous les grands thèmes, qu il s’agisse du portrait, du paysage ou du reportage, ont été abordés par les pionniers de ce genre culturel. De l’affiche publicitaire a la mode en passant par l’art et la presse, le marché de la photo a connu un essor important, devenu de plus en plus médiatisé et de mieux en mieux reconnu par le grand public.
Des musées et des galeries s’ouvrent partout dans le monde pour consacrer la photographie au rang d’un art qui a indéniablement encore de beaux jours devant lui.

Najiba Bellamine
Le Matin

Auteur/autrice