La 3ème édition de la Semaine du Documentaire a été honorée a l’ouverture par la présence de la grande Artiste Catherine DENEUVE au Complexe Al Houria a Fes. Cette manifestation est organisée par l’Institut Français de Fes avec l’appui du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Maroc.
En lien avec la semaine du Documentaire de Fès, l’Institut français de Fès et en partenariat avec la Direction régionale de la Culture Doukkala-Abda ont organisé le 04 avril 2009 dans la salle de la galerie Chaïbia Tallal a Mazagan, la projection du film intimiste de Brahim Fritah “Le Tableau” qui retrace un retour nostalgique aux sources puisque le sujet du film n’est autre que la perception des souvenirs d’enfance au travers d’un tableau peint par l’oncle du réalisateur qui représente la Cité portugaise.
Eljadida.ma a rencontré le réalisateur Jdidi Brahim Fritah pour un entretien plein d’émotions et de souvenirs.
Le réalisateur Brahim Fritah n’a pas pu assister a la projection de son film qui vient d’être primé au festival de Milan en Italie.
Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs?
Je m appelle Brahim Fritah, j ai 36 ans, je suis né en France, mes parents sont marocains et j ai la double nationalité. Après des études classiques, j ai fait deux ans de commerce, j ai eu mon diplôme, mais j ai vite compris que je ne travaillerai jamais dans ce secteur. Alors j ai décide de me lancer dans une vocation artistique, plus risquée et compliquée mais plus intéressante pour moi. J ai rentré dans une école d’art publique a Paris et j ai commencé a faire mes premiers films courts en video, sans moyens, mais avec de l’énergie et des amis. Mon film de fin d’étude s’appelait “Chroniques d’un balayeur”, sur le balayeur de notre école, marocain aussi. J avais déja mis dans ce film des images du Maroc et d’El Jadida.
Pour aller vite, je n’ai pas arrêté de bouger et de travailler pour réaliser des films courts, m exercer et peaufiner mon écriture cinématographique jusqu a aujourd hui avec le Tableau. Le chemin est long, mais on y arrive tout doucement, avec des hauts et des bas.
L’idée de votre moyen métrage “Le tableau” vous est venue a travers un tableau que Mohammed Fritah, votre oncle, a peint il y a plus de trente ans peu après son arrivée en France. Voulez-vous nous expliquer davantage?
Je voulais faire un portrait d’un homme et de sa seule œuvre et prendre le contrepied des images habituelles et stéréotypes que l’on a des immigres. c’est a la fois un hommage a mon Oncle et aussi a son geste artistique, le seul, qui est surprenant pour beaucoup de gens car il était ouvrier chez Renault a l’époque et parce qu il était immigre marocain. Avec ce film, je voulais montrer que le processus créatif peut se trouver chez n’importe qui, homme, femme, ici ou ailleurs, quelque soit sa provenance. En comprenant son geste, lié a son histoire, a son passe a El Jadida, son arrivée en France; on comprend mieux la raison et l’attachement a ce tableau.
Pouvez-vous nous parler de votre film “Le tableau”?
c’est un film que j ai aimé faire, même s’il m a demande beaucoup d’énergie pendant trois ans! Mais cela m a permis a travers l’histoire de mon Oncle de découvrir une partie de notre histoire familiale et de tourner a Paris et surtout a El Jadida. Je voulais depuis longtemps montrer certains aspects de cette ville que j aime.
Récemment, on a constaté une nouvelle vague de réalisateurs marocains résidant a l’étranger qui œuvrent dans le domaine cinématographique. A votre avis, quelle est la spécificité des œuvres cinématographiques marocaines en langues étrangères?
Je pense qu il est encore tôt pour que je puisse donner mon avis a ce sujet, je pense néanmoins qu il y a un désir chez certains, de trouver une voie originale, une troisième voie, entre deux cultures, parfois avec un discours, mais surtout un discours artistique original et créatif. Cela peut donner le sentiment d’une lourde responsabilite, qui peut être écrasante, mais lorsqu on parvient a exprimer cette richesse, cela va plus loin que tous les discours et cela peut faire réfléchir, interroger, et contribuer a un renouveau de pensée. Mais il faut attendre encore quelques années pour voir les résultats concret, simplement en regardant les films faits ici ou ailleurs, ou au Maroc, par la diaspora et les Marocains du pays.
La Cité portugaise reste dans l’imaginaire collective des Jdidis comme un retour aux sources. Que représente la Cité portugaise pour vous en tant qu une donnée physique et culturelle?
La Cite Portugaise est un endroit que j aime beaucoup, je compte y faire un film un jour, une fiction, neo-réaliste, mais cela dépendra des moyens et du temps que j aurai, mais c’est une source d’inspiration familiale!
Pouvez-vous nous parler de vos projets cinématographiques futurs?
Tout d’abord, je souhaite vraiment montrer “le Tableau” un peu partout. Je suis heureux qu il passe dans l’enceinte de la Cite Portugaise et j espere qu un jour on pourra faire une projection en plein air, gratuite et de qualite, bon son , belle image, pour tous les habitants de la Cite, ma famille, pour les Jdidis et tous ceux qui le souhaitent!
Sinon, je travaille sur un projet de long-métrage fiction : CHRONIQUES DE LA COUR DE RECRE. Je finis le scenario, je voudrai le tourner cette année mais cela sera difficile, nous verrons. Le film s’inspire de mes souvenirs d’enfance, en banlieue parisienne a Pierrefitte, en 1981. On y parle de Cinema, Steve McQueen, Bruce Lee, un copain de classe d’origine Chilienne, l’ecole, des grues de chantiers… Bref, la chronique d’une famille marocaine en France, a travers le regard d’un enfant de 10 ans, le mien.
A Milan en Italie, vous venez de recevoir un premier prix documentaire avec votre film “Le tableau”. Votre réaction?
Le prix au festival de Milan est un encouragement supplémentaire a poursuivre dans les tentatives narratives et cinématographiques exprimés dans mon documentaire. Donc a suivre…
Abdelali NAJAH
Eljadida.com
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