Mohammed El Jerroudi au café Litteraire d’El Jadida: Un poète du nord parmi nous

Au café littéraire d’El Jadida, la foule des grands jours a déserté les lieux, cédant la place a quelques passionnés de la lecture, aux mordus de la scène littéraire.

L’arène culturelle n’est plus que l’ombre d’elle-même en comparaison avec la première vague des premiers animateurs KENZA SEFRIOUI, KACEM BASFAO et FEDWA MISK pour ne citer que les précurseurs, les amis du café Littéraire de Casablanca.

Une dizaine de femmes sont présentes, écoutant religieusement les chuchotements de l’invité du jour, Mohamed JERROUDI, un poète venu du nord du pays, de Tétouan exactement. Ses premiers mots témoignent d’une certaine pudeur créative : « La poésie est un art noble, quand elle est poésie ! » IL est né en 1950 dans le Rif et dit ne pas être véritablement un poète car la poésie n’est pas son métier, il dit seulement faire semblant de l’être, et que la poésie est une façon de vivre

Ecoutons Jean BOTQUIN parler dans la preface de son recueil « Cœurs absents » : « l’encre de Mohammed EL JERROUDI est br»lante, elle dessine des mots, fait danser l’âme, raconte « comment le temps nous dévore et nous déshabille devant la mort », mais aussi, avant l’inéluctable, célèbre la vie et la beauté ».

Au cours de cette courte escapade poétique, Mohamed EL JERROUDI a parlé de la poésie en tant que musique, de la poésie comme un art qui possède une certaine tonalité, une certaine musicalité. la poésie, sa poésie, rien d’autre qu une réécriture de ce qu il avait lu ou entendu.

On ne peut que relater un de ses poèmes qui résume le sens de ses mots, l’essence de la pensée d’un homme du nord, un amazigh pur et dur. Je veux parler de son poème intitulé je regarde passer l’époque :

J ai peur de cette époque
Qui m a vu naitre
Elle est noyée dans la matière
Vautrée dans la misère
Comme le corps perd sa valeur
Quand l’âme en est absente
L’homme que je suis
Se cache en lui-même
Si je ne trouve pas la compagnie
D un homme sage
Je prends de moi ce qui me vient
De mon père et de mes ancêtres
Je choisis mon maitre
Comme compagnon de route
Son pied se pose fermement
Sur la route qui mène a l’ami
Son véritable sens m a échappé
Comme la gazelle
Les hommes ont appris a danser
Avec leur corps
En récitant ses paroles
Mais leurs yeux ne sont pas ouverts
A la danse de l’âme
La danse du corps
Fait tourbillonner la poussière
La danse de l’âme bouleverse les cieux
La science et la sagesse
Proviennent de la danse de l’âme
La terre et le ciel
Proviennent eux aussi de cette danse
Pour toi mon ami mon semblable
Jusque dans ma tombe
J adresserai a Dieu
Mes prières!

Les mots sont la, qui témoignent d’un monde fou, allant a la dérive, notre monde a nous tous, enfants du 20ème Siècle.
Une poésie a lire et relire, Mohammed El Jerroudi dit une poésie de la pure Vérité

Tarik BOUBIYA
Eljadida.com

Auteur/autrice