Oualidia

La vie au ralenti. En hiver, a Oualidia, c’est un peu comme si le temps était suspendu. Pas grand monde dans la ville, même sur l’avenue Hassan II qui traverse toute la cité. Dans la zone touristique, les volets de la plupart des villas sont fermés. Il y a seulement trois ou quatre intrépides, des autochtones ou bien des touristes, qui surfent dans la lagune. Les vendeurs ambulants de fruits de mer proposent leurs produits a plusieurs reprises aux mêmes personnes, dans un discours s»rement rôdé : « Je sais, Madame, vous m avez dit cinq fois que vous ne vouliez pas de mes oursins mais quand même vous êtes s»re ? Vous voulez go»ter ?, c’est gratuit ». Pour gagner quelques dirhams, ils se battent certainement beaucoup plus qu en été, quand Oualidia, ses hôtels, campings et ses villas sont pleins a craquer.

Le tourisme, justement, parlons-en ! Voila l’avenir de Oualidia ! Ici, au milieu de la lagune, on construit un hôtel de luxe. La-bas, les nouvelles maisonnettes, dans le style « station balnéaire », un peu plus loin, on retape. Au milieu d’une ville au ralenti, les entrepreneurs s’agitent : plus que six mois avant l’été. Il faudrait avoir tout fini d’ici la afin d’accueillir le plus de touristes possible. Pas étonnant que Oualidia fasse l’objet de tant de convoitise. Les paysages sont sublimes ; on y mange divinement bien ; pour les sportifs, la ville a les allures d’un petit Eden Une aubaine dans le cadre de la « vision 2010 ». Il faut tourner la page du tourisme quelque peu improvisé pour en faire une véritable économie.

Les habitants, dans leur majorité, assistent passivement a la transformation de leur ville. Certains sont inquiets pour leur lagune, leur faune aquatique. Mais ils espèrent aussi un décollage économique de leur cité, qui vit pour le moment, assez chichement, de la pêche, des huîtres, de l’agriculture. Qui sait ? Peut-être qu ils y trouveront leur compte.

En attendant, l’essentiel ne change pas. Le port de pêche est toujours aussi sommaire : il s’agit en fait d’une plage où sont amarrées quelques dizaines de barques. Quand les pêcheurs reviennent, c’est le comble de l’activité : on s’agglutine autour de leur bateau pour acheter du poisson frais.

Dans les restaurants de Oualidia, on ne se lasse pas des mets savoureux. Et puis, surplombant la lagune, toujours ce palais abandonné : il a d» être beau en son temps, quand feu le roi Mohammed V l’a fait construire. Résistera-t-il, lui, a l’assaut des promoteurs immobiliers ? En tout cas, son emplacement a de quoi faire rêver.
Va-t-il rester un tas de ruine au milieu d’une nouvelle station balnéaire ?

Caroline Tax
Le Journal hebdomadaire

Auteur/autrice