Parcours et témoignage d’un Mazaganais

Louange a Allah ; que les éloges et la paix soient sur notre Maître, notre Prophète et bien-aimé le Messager d’Allah Sidna Mohammed.

Bonjour tout le monde !

Etant prévoyant depuis mon enfance précoce, j ai commencé par garder une poire pour la soif, en mettant de côté tout l’argent gagné méritoirement du noble métier de coiffeur que j ai beaucoup aimé, appris et pratiqué avec brio en dépit de mon jeune âge et de ma petite taille qui plurent a un bon nombre de clients, sans jamais ni connu, ni entendu parler des cinq impératifs de H.Fayol , qui sont pour rappel :

-Prévoir
-Organiser
-Constituer
-Commander ou
-Coordonner
-Contrôler.

Ces cinq principes fondamentaux d’organisation mis au point, étudiés, développés puis vulgarisés au début du XXè siècle par leur inventeur l’éminent Ing. Français Henri Fayol, considéré par les connaisseurs comme le père de l’organisation administrative , qui a donné lieu a la naissance de la théorie peu connue, appelée usuellement Fayolisme :

« Doctrine qu il conviendrait de définir laconiquement de système d’organisation d’entreprise, reconnue comme telle a l’échelle Européen ».
Cette théorie avait a la même époque, comme conquérant redoutable le Taylorisme :

« Théorie que l’on pourrait définir comme une méthode rationnelle du travail industriel, mise au point, étudiée, développée et vulgarisée par l’Américain W.Taylor, Grand chercheur dans le domaine de l’étude et l’organisation scientifique du travail.

Tous mes gains furent réservés exclusivement a l’achat des fournitures scolaires, sans en avoir soufflé mot a personne, même pas mes parents, qui, a cette époque étaient noyés dans des problèmes familiaux plus ou moins épineux, comme plusieurs familles lMazganaises a progéniture nombreuse ; sincèrement, j ai toujours fait contre mauvaise fortune bon cœur.
Le dernier lundi du mois de septembre de l’année 1959, reste et restera pour moi une journée mémorable pour ne pas dire fatidique, car ce fut mon premier jour d’école en dépit de mon âge avancé (13 ans révolus ).

Mes premiers jours a l’école (Sekouelt Lihoud), furent pour moi des plus difficiles a supporter, étant donné que je me trouvais chaque fois, soit en classe soit dans la cour, entouré d’enfants ignares, qui posèrent sur moi un regard ni-rieur, ni distrait, étaient plus jeunes mais de loin moins expérimentés que moi qui savais en ce moment, a la fois lire et écrire l’Arabe grâce a l’école coranique où j ai d» passer de rudes épreuves durant un peu plus d’un lustre. Je savais également, mais cahin-caha lire quelques lettres latines en grand caractère apprises dans le salon de coiffure, en lisant les gros titres en Français des quotidiens du moment « la Vigie Marocaine ou le Petit Marocain» ; je savais même un peu
calculer,etc.
Faut-il avouer pour la circonstance que, je n’étais jamais été asticoté par personne, ni de près ni de loin.

Après tant d’efforts sacrificiels, et pour rasséréner mon taedium vitae, je n’étais point arrivé a supporter la vie dans ce milieu d’enfants plus jeunes que moi, a tel point que ma joie tant espérée d’être a l’école, s’est transformée tout a trac, en désespoir improvisé.

Une semaine plus tard, un groupe de cinq nouveaux élèves d’âge égal au mien, arrivèrent l’air haggar, et prirent place dans ma classe, mettant ainsi fin a une situation galère, qui désormais va faire pschitt. Ce furent des garçons de mon âge, apparemment de familles lambdas, a première vue il s’agissait certes d’anciens apprentis tailleurs traditionnels au « Qissaria » (marché de tissus et produits artisanaux, lieu de rassemblement des tailleurs traditionnels).
En effet, il importe a l’occasion de cite pour mémoire quelques noms qui ne sont pas étrangers a certains lecteurs de cette page : Feu Habbi, que Dieu-Tout-Puissant l’ait en sa miséricorde, grand imitateur de Charlie Chaplin et querelleur de surcroit, Khalifa dont j ignore le sort depuis belle lurette, peu trouillard, travaillait tantôt du chapeau, tantôt pudibond, Abdellah « Laâouer » avait un oeil qui disait merde a l’autre, était parfois taciturne, nous racontait par moment des contes rocambolesques beaucoup plus proches de l’imaginaire que la réalité, Sbissi toujours pimpant cherchait sans cesse a être dans le vrai ; il est encore en vie, jouit présentement d’une très bonne réputation au Mellah, en s’occupant a bon escient de la maintenance de la mosquée de ce lieu historique, que le Bon Dieu l’aide dans sa besogne, lui prête santé et longévité.

Ces trois camarades de classe et amis d’antan qui avaient constamment du sang dans les veines et de l’entrain, ont tous connu certainement comme moi le même sort d’oubli de scolarisation ; ils sont issus tous les trois de familles qui tiraient le diable par la queue, sans un sou vaillant, habitant tous le « Mellah » dans des logements insalubres, devenus au fil des jours, des masures par manque d’entretien et de conservation, après avoir été abandonnées abruptement par des Juifs partis illico presto dans la discretion totale, sans tambour ni trompette vers la Palestine ( où le nombre de Juifs d’origine Marocaine frôle aujourd hui le million), la France, les USA, le Canada, les pays d’Amérique latine,etc…, seule une minorité a choisi délibérément de continuer a vivre a Casablanca pour rester plus près de leur ville natale Mazagan et lieu d’enterrement de leurs ancêtres.

Cette rencontre beaucoup plus inattendue que rarissime d’enfants de même âge que moi, manquant beaucoup de culture générale par rapport a moi, possiblement plus turbulents que moi en public, a n»ment créé en moi un grand soulagement moral et une sérénité inégalée dont j avais tant besoin en cette période cruciale pour mon avenir, qui va assurèment me permettre d’avoir confiance en moi, de se fendre en vue de commencer a bâtir un avenir scolaire basé sur des fondements réalistes et solides.

Pour dissimuler ma scolarité tardive (âge avancé oblige) et pour ne rien vous cacher, j empruntais la plupart des temps une porte autre que la porte principale, ou en sautant régulièrement un mur haut de 02 mètres env., donnant sur un terrain vague (appelé terrainTriî), adjacent a une ferme répondant au nom de « Saniat Benhammou ». c’était pour moi la meilleure façon d’accéder a l’école, évitant ainsi les regards curieux.

Il m arrivait également très souvent, pour ne pas dire toujours, de camoufler mes affaires scolaires sous ma ceinture, sans oublier de souligner que je m astreignais a tout moment a respecter scrupuleusement les horaires d’entrée et de sortie de classe, sans jamais étais absent un jour durant toute la période de ma scolarité primaire, de peur de l’avoir dans le dos.
Par conséquent, j ai toujours fait des étincelles en Arabe et en Français, même en séances de sport animées par feu Boualam, un vétéran et ancien joueur de l’équipe de foot de Mazagan des années quarante et cinquante.
Cet état de chose a duré toute la période de ma scolarité réduite de cinq a quatre ans, et ce grâce aux encouragements soutenus de mes maîtres et maîtresses, qui ont pris en considération mon niveau supérieur par rapport a mes camarades de classe, a mon âge avancé et bien évidemment a mon immuable assiduité et ma constance.

Juin 1962, j ai passé avec succès mon certificat d’étude primaire « CEP » qui, pour causes d’âge avancé et mes bonnes notes a l’examen, m ont permis méritoirement d’accéder au Collège professionnel Mohammed Rafiy (appelée par les Mazaganais du moment « Ecole kassy ») pour y prendre l’option « Electricité».

Sincèrement, ce qui m intéressait au premier chef a l’époque, c’était d’aller loin dans mes études certainement secondaires et techniques, mais possiblement supérieures s’il plaît a Dieu-Tout-Puissant, avec l’idée permanente de relever le défi a chaque fois quand il le faudrait.

Faut-il signaler et signaler que ce même et seul collège technique a El-Jadida en cette période, était dirigé d’une main de fer “sans gant de velours”, par un directeur d’origine Kabyle, en l’occurrence feu M.Aït Kassy que Dieu-Tout-Puissant l’ait en sa miséricorde, qui avant son départ en 1962-1963, a fait de cet établissement d’enseignement technique le prototype d’une école polytechnique, susceptible de concurrencer les plus importants collèges techniques Français du moment, grâce a :

1-Ses infrastructures modernes, ses programmes « up to date » comparés aux programmes dispensés en France ;

2-Son corps professoral très compétents et rigoureux, et sans désapprendre la discipline exemplaire qui y régnait ; a vrai dire on était soumis presque a un régime militaire;

3-Aux nombreux élèves sages et d’âge m»r de diverses provenances : Marrakech, Casablanca, Bir Jdid, Azemmour, etc…

Mes notes au CEP, m ont permis sans impedimenta, d’être admis en première année option Electricité .

Comme ma satisfaction était grande quand je me suis trouvé cette fois en présence dans la même classe avec des camarades qui, cette fois-ci, non seulement étaient plus âgés que moi, mais dont certains étaient mariés et pères d’enfan(ts) !
Mon affectation a ce Collège auprès d’élèves d’âge sensiblement égal ou supérieur au mien, fut pour moi une sorte de sérénité indesctreptible qui m a beaucoup manqué depuis mon entrée a l’école primaire en octobre 1959.
Cette émancipation, ou plutôt ce nouvel ère qui m est ouvert, créa en moi la ferme volonté de batailler pour réussir, sachant pertinemment que dans ce monde perpétuellement en ébullition, et où la loi du plus fort est la plus dominante ; pour autant il ne faut pas seulement chercher a être bon, mais d’être parmi les meilleurs sinon le meilleur, en se fixant comme objectif d’être aussi un futur homme d’effet.

A la prochaine suite s’il plaît a Dieu-Tout-Puissant !

Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com

Auteur/autrice