Parcours et témoignage d’un Mazaganais

Louange a Allah ; que les éloges et la paix soient sur notre Maître, notre Prophète et bien-aimé le Messager d’Allah Sidna Mohammed.

Bonjour tout le monde !

En première année au collège Mohammed Rfiy « option Electricité », on apprenait, en sus des matières se rapportant a la spécialité et les autres matières scientifiques, littéraires,etc, des cours de travaux pratiques relatifs a la maçonnerie, la menuiserie chez feus M.Abert et Maâlem Mokhtar que Dieu-Tout-Puissant bénit leur âme, la chaudronnerie, l’ajustage chez Oulderra.

C étaient des cours de travaux manuels, sorte de forte dose de pratiques professionnelles introduites dans notre formation. Néanmoins, ces cours nous permirent, a nous futurs techniciens de mettre la main a la patte, et par conséquent d’être en mesure, a partir d’un schéma électrique de réaliser des travaux préparatoires de maçonnerie et de menuiserie, de fabriquer des pièces métalliques, d’installer et de vérifier dans des box individuels des installations ayant rapport a, l’électricité (gâches électriques, minuteries, tableaux annonciateurs, ou autres systèmes), ou a la téléphonie.

Dans cet univers d’épanouissement total, les jours passèrent et ne se ressemblèrent point, c’est ainsi que mes connaissances professionnelles, scientifiques, culturelles sportives, artistiques et bien s»r amicales, deviennent de plus en plus larges et approfondies.

Durant mes quatre années passées a l’école primaire, j ai, a part mes études auxquelles j attachais une importance capitale, assisté et participé a des activités conviviales et ludiques, fait du scoutisme sous la conduite de notre ami Sellam, un Mazaganais de souche qui n’a pas besoin d’être présenté ici, fait partie d’un groupe théâtrale , avec feu Bettioui, Zemmouri, les frères Jadra Ali et Ahmed, Habbi , Khalifa, Abdellah Laâouer, Fassi le coordonnier, etc(dont certains membres sont décédés, que Dieu-Tout-Puissant les ait tous en sa miséricorde), au sein duquel j ai toujours incarné le rôle de juif charlatan et comique ; rôle qui subjugua l’assistance, avec une imitation qui a fait rire et étonner plus d’un.

Ces activités a la fois sportives, culturelles et artistiques étaient animées et encadrées par les partisans du Parti de l’Istiqlal au zénith de sa réputation en cette période, dans un local appelé “Merkez” qui servait au moment du Protectorat de tribunal appelé communément « Mehkamat Bacha Hammou ».

Mon hobby a l’époque fut le babyfoot que j ai appris jadis au café de feu Mostafa Ould Laouia, et pratiqué intelligemment au café de feu Si Mostafa, situé en face du marché de tissus (Qissariat Lihoud) ; café dans lequel j ai eu comme concurrents redoutables Alami oueld moul ferrane, Driss Bennis oueld derb Lahlali. Je comptais dans ce même lieu très animé jour et soir, beaucoup d’admirateurs m ont fait sortir du lot des meilleurs joueurs pour devenir joueur invincible de ce jeu très en vogue durant la fin des années cinquante et début des années soixante.

Mon métier de coiffeur était toujours la source de mes modestes revenues qui me permettaient de couvrir suffisamment mes besoins en fournitures scolaires et autres dépenses incontournables, tout en épargnant des tracas supplémentaires a mes parents qui avaient « d’autres chats a fouetter » en cette période pleine de problèmes familiaux épineux.

Mon temps, durant toute ma scolarité au collège Mohammed Rafiy, était dispatché entre :
1/-mes études auxquelles j accordais la priorité la plus absolue ;

2/-mon métier de coiffeur qui me permettait de gagner de l’argent, pour faire face seul aux situations dispendieuses, tout en étant très regardant sur mes dépenses, et ce grâce a mes nombreux clients composés de « Ouled derb » et d’autres amis qui me sont restés toujours fidèles, dont ci-dessous quelques noms pour mémoire.

3/- mes loisirs qui furent le scoutisme, le théâtre, le foot et la natation au Moon ( la jetée) ou a la plage avec mes inséparables amis Sahnoun Abdellatif alias Ghaz, les Berrezgaoui Abdellah et Abdellatif, Faouzi Abderrahim, feu Aoufi H midou (l opérateur du Ciné-Paris que Dieu-Tout-Puissant bénit son âme), Assif Bouchaïb, feu Dehhane Mohammed et son frère Mostafa, Abdelhamid Hamid «l Algérien », le fabuleux joueur du club du Hand Mazaganais, qui jouait au côté du célèbre Handballeur Jdidi Si Dahbi, auquel je souhaite vivement bonne santé et longue vie, Stiti Abderrahmane, Camay mostafa, Abdelkrim Nia, feu Habbi Abdellatif, Khalifa, Abdellah Laâouer, Ahmed Sbissi, Dédé oueld Mellah, les Jahidi feus Abderrahman et Mokhtar, les frères Kamili abderrahmane et abdelmajid, Abderrahim Oueld Hajjam, feu Merouane Gharbi le célèbre lecteur des bandes dessinée, et j en passe puisque la liste est longue pour les citer tous.
A cette occasion, je prie Dieu-Tout-Puissant d’avoir en sa miséricorde les morts parmi eux, de prêter longue vie aux vivants.

Tout se passait dans les meilleures conditions voulues entre 1962 et 1964, au point de vue études, divertissements au Moon (la jetée), a la plage, au Borj (la citadelle), au Mellah (le ghetto), au Merkez (Dar Bacha Hammou), au jardin Mershane notre lieu de rencontre, où nous sommes réunis jour et soir dans une ambiance bon enfant , pour se raconter des anecdotes pittoresques et des blagues a pisser de rire, picoler (pas tous) par moment, taquiner les jeunes et charmantes ouvrières de l’usine de confection “SIM” qui défilèrent devant nous chaque midi et soir affichant un large sourire aux lèvres, se moquer par moment des personnalités atypiques du moment notamment les soulards parmi eux K biri Mâarouf, Mostafa Cyclis, Mostafa Khouane, sans oublier bien évidemment les « rigolos » feus Tibari Lafdiha , Joukha, le Juif Joséetc…

Le 23 Mars 1965, a eu lieu a Casablanca une émeute et des manifestations estudiantines qui ont conduit a des troubles meurtrières enregistrées dans la capitale économique du Pays, qui se sont soldées par la mort de pas moins de cent manifestants ; élèves et étudiants, ont manifesté contre une circulaire du ministre de l’éducation de l’époque M.Youssef Belabbas, interdisant aux lycéens de plus de 17 ans d’accéder au deuxième cycle du secondaire.

Par solidarité, comme partout ailleurs au Maroc, notre collège a déclenché un débrayage pacifique qui se fut soldée par une reprise rapide des cours dans la même journée; reprise décidée par une minorité d’élèves âgés et pères d’enfants en année terminale, par peur d’encourir une année blanche.

A ce propos, la reprise des cours a été jugée légitime par une kyrielle d’élèves sages mariés et pères de famille, dans le but de ne pas perdre les multiples et diverses opportunités proposées abondamment a l’époque aux détenteurs du CAP ou CET, par les Offices et Institutions comme la R.A.M , l’O.C.P , la R.T.M, l’O.N.C.F, l’ONEetc.

La fin des événements tragiques cités tantôt, m ont beaucoup marqué puisque je fus montré du doigt comme l’un des principaux instigateurs de ce débrayage de solidarité déclenchée dans notre collège.

Le fait d’avoir appris que des arrestations, information qui m a donné froid au dos, ont eu lieu dans toutes les villes du Maroc, y compris El Jadida, créa en moi une vive réaction émotionnelle négative au point de perdre la raison, qui s’est soldée par une angoisse profonde entraînant ipso facto un dysfonctionnement dans le centre des mouvements de l’écriture de l’hémisphère gauche de mon cerveau.

Après avoir constaté que je ne fus plus en mesure d’écrire de ma main droite, c-a-d qu il y ait probablement un déphasage inhabituelle créé soudainement entre mes trois doigts le pouce, l’index et le majeur, qui sont normalement chargés de tenir un stylo pour écrire, alors qu il ne resta plus que deux mois qui nous séparèrent des examens finaux prévus le 15 Juin 1965. Ceci m a contraint d’en baver des ronds de chapeaux.

Comment faire donc pour sortir de cette galère et éviter de faire un bide? Constatant d’emblée qu un retour a la normale n’est point possible, j ai tout de suite après brisé l’omerta et dévoilé a mes parents le malheur qui m est arrivé, puisque l’heure était a l’utopie et non au désespoir.

A fond de train et sur l’heure, mon frère et moi, nous nous sommes rendus chez un psychologue a Casablanca en vue d’identifier cette psychose. Après avoir examiné hâtivement les trois doigts de ma main droite, il nous déclara avec outrecuidance, que la crampe des écrivains est une contracture musculaire bénigne et passagère d’un muscleque. Nonbstant son obtimisme exagéré, ses paroles onctueuses, il me donna l’impression qu il fut a cent lieues de la solution de mon problème, qui nécessitait assurément l’intervention d’un neurologue. En fait, je suis vraiment resté inassouvi, et ce en raison de mon état psychique défavorable engendré par une angoisse excessive qui allait me faire perdre le nord.Sincèrement, sa façon de m examiner me laissa douter qu il était incompétent dans son domaine. Si rapidement que je l’aie vu, je l’aie tout de suite désapprécié.

Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com

Auteur/autrice