Rapt de Boualam et Mouhafidi : contre l’oubli

Dimanche 26 février, les deux employés de l’ambassade marocaine a Bagdad, Abdelkrim Mouhafidi et Abderrahim Bouâlam, enlevés en Irak par l’organisation d’Al Qaida, auront passé 130 jours de détention.

Cent trente jours de souffrance, d’attente et d’espoir dans des circonstances connues du monde entier. Dès la tombée de la nouvelle du rapt des deux Marocains, un élan de solidarité et de mobilisation populaire, digne des grands moments de l’Histoire nationale, a été enclenché.

Après plus de quatre mois de détention, cette affaire demeure toujours d’actualité. Et les médias, toutes tendances confondues, y sont pour beaucoup.

Les Marocains ont, en effet, manifesté par centaines de milliers pour obtenir leur libération et défendre, du même coup, le droit de leurs frères irakiens a la vie et a la paix.

Certes, les appels pressants des proches des deux otages de la Mésopotamie, auxquels sont joints ceux de tous les Marocains, sont restés sans effet et n’ont suscité aucun signe positif chez les ravisseurs. Cent trente jours après, tout le monde est sans nouvelles des deux agents de la représentation diplomatique du Royaume en Irak. Ils n’ont plus que l’espoir et la prière pour le salut des otages. Il n’est pas temps de céder au découragement et au désespoir.

Côté médias nationaux, la détermination ne faiblit pas, conscients qu ils sont de la nécessité de poursuivre la mobilisation pour que cette affaire ne plonge pas dans l’oubli, sachant qu une certaine déception commence a gagner les coeurs des Marocains qui regardent d’un oeil a la fois attentif et consterné la dégradation de la situation en Irak.

Les photos de Boualam et Mouhafidi continuent de figurer en bonne place a la “Une” de la majorité des journaux nationaux alors que l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) et les deux chaînes de télévision nationales ne cessent de témoigner un intérêt tout particulier aux développements de cette crise et ne ménagent aucun effort pour sensibiliser et mobiliser les citoyens jusqu a la libération de ces deux otages.

Indignation

De même, les médias oeuvrent a assurer la couverture des différents meetings et manifestations de solidarité, au Maroc comme a l’étranger, en signe de solidarité avec les deux otages marocains, comme ils se font l’écho des différentes réactions a l’intérieur du pays comme a l’extérieur, condamnant ce crime odieux.

Tout en dénonçant leur détention, les médias nationaux n’omettent pas de rappeler la position du gouvernement marocain quant a la situation en Irak et ses appels a déployer les efforts requis pour que ce pays meurtri par la guerre recouvre sa souveraineté et pour mettre a nu les allégations des ravisseurs qui, pour justifier leur acte abject, veulent faire croire a un prétendu soutien des gouvernements arabes et marocain en particulier, aux forces d’occupation.

En mettant en avant les souffrances de ces deux citoyens et de leurs proches, les médias marocains incitent les Marocains a faire preuve d’unanimité et a montrer qu ils sont prêts a laisser de côté leurs divergences de vues pour faire de cette affaire une “cause nationale”.

Par ailleurs, le mutisme de la presse occidentale sur le sort des deux ressortissants marocains, est resté au travers de la gorge d’un grand nombre de Marocains. Cette attitude a suscité un sentiment de frustration et de déception. Tout compte fait, ce sont des êtres humains, sans discrimination de race ou de couleur.

Les Marocains s’indignent en effet en voyant tous les médias occidentaux monter au créneau pour crier haut et fort leur réprobation et leur stupéfaction chaque fois que les mêmes ravisseurs des deux Marocains enlèvent qui un journaliste français, qui une archéologue allemande, qui enfin une humanitaire italienne.

Sur le plan populaire, l’enlèvement des deux citoyens marocains a enclenché un élan de solidarité dont seuls les Marocains ont le secret.
Officiellement, l’affaire des otages a bénéficié d’un intérêt a la mesure du drame qui a frappé toute la Nation. Alternant fermeté et appels a la raison, le gouvernement marocain a joué la carte de la pondération dans la gestion de cette crise, laissant la porte ouverte a une issue heureuse, sans pour autant céder au chantage.

Mohamed Koursi
Menara.ma

Auteur/autrice