Tendance haussière du chômage

Louange a Allah ; que les éloges et la paix soient sur notre Maître, notre Prophète et bien-aimé le Messager d’Allah Sidna Mohammed « Salamo allahi alaeh »

A El-Jadida :
Si les souvenirs de ma tendre enfance ne me trahissent pas, la ville de Mazagan comptait fin des années quarante et début des années cinquante deux grandes fabriques de conserve de sardines dans un premier temps, puis de tomates par la suite, plus une usine de liège et d’autres fabriques, toutes situées dans la zone côtière située entre Sid Daoui et l’abattoir (Gourna). Au fil des années, le temps et l’excès de l’humidité salée ont fait leur effet et les ont réduit toutes a l’état de squelette quelques années après l’indépendance de notre Pays.

Quelques décennies après, ce fut le tour de l’usine de textile (Filature et Tissage) de mourire a petit feu, dirigée autrefois par des techniciens Allemands faits prisonniers pendant la seconde guerre mondiale (39-45) ; usine appelée communément par les Mazaganais « Makent Charwetâ », spécialisée dans la transformation des chutes de tissus usés en couvertures et autres produits laineux. Incessamment cette gigantesque fabrique inactive depuis belle lurette, encore regorgée de matériel textile tombé en désuétude devenu inutilisable, va assurément connaître le même sort (démolition totale) que l’usine de confection « Sim » devenue aujourd hui un champ de ruine, jadis réputée par ses produits de bonne qualité destinés pour la plupart a l’exportation, et le professionnalisme incontesté de ses ouvrières et cadres.

A dire vrai, « Sim » était en son temps une belle unité de confection, employant une centaine de personnes majoritairement des jeunes femmes, rayée présentement de la carte après avoir été mise capot depuis presque trois décennies pour des raisons qui m échappent jusqu a date.

A Casablanca :
Centre névralgique et locomotive de l’Economie Marocaine, le nombre inquiétant d’usines employant des milliers d’ouvriers et ouvrières, notamment dans le domaine du textile que je connais le plus, qui mettent la clef sous le paillasson est de plus en plus alarmant, et ce suite a l’atrophie économique causée en partie par le « tsunami » des produits Chinois a bas prix mais de qualité médiocre, qui ont inondé le marché Marocain.

A Mohammedia :
La SAMIR la plus grande raffinerie du Pays, fleuron de l’Industrie pétrolière Marocaine, fermée pour mauvaise gestion, absence d’investissements, ou probablement par le krach qui lui a fait faire le plongeon. Elle employait plus de 1000 personnes toutes catégories confondues.
Signalons que dans cette affaire traitée en ce moment par la Justice Marocaine, des points de friction ne manquent pas entre l’Etat et cette société.
L’ICOMA où j ai eu le plaisir et l’avantage d’évoluer de 1985 a 2001, jadis fleuron de l’Industrie textile Marocaine, fermée naguère suite vraisemblablement a une débâcle économique qui l’obligea a se de passer du reste de son effectif évalué a 500 personnes, suite a un arrangement a l’amiable inachevé avec ses employés. Elle est candidate a la démolition pour servir éventuellement de projets urbanistiques.

Du jour au lendemain, 1500 personnes (SAMIR+ICOMA) habituées a mener un train de vie correcte dans une même ville, et dont il m est difficile de dépeindre le mental et un moral en berne, qui montrent ostensiblement leur mécontentement, vont dorénavant broyer du noir, se retrouver sans emploi, commencer bientôt a tirer le diable par la queue, au point qu un jour seront-ils contraints de manger avec les chevaux de bois.
Certaines qui avaient les visages hilares, deviennent cependant irascibles, voient rouge et apparaissent aujourd hui bouleversées, les larmes aux yeux.

Ils viendront forcément gonfler le rang des nombreux chômeurs déja existant. En attendant un modus vivendi qui soit déclaré en cinq sec, les employés de la SAMIR n’ont autre chose a faire que d’aller lézarder a la terrasse d’un des nombreux et somptueux cafés de la ville de Mohammedia, souvent pleins a craquer le jour comme le soir, notamment ceux situés a proximité du magnifique parc de la ville, donnant l’impression aux visiteurs Etrangers que les vacances au Maroc sont pérennes.

Cette situation vraiment regrettable profite inéluctablement aux propriétaires des cafés, qui obtiennent le plus facilement du monde les autorisations (chez-nous tout se vend et tout s’achète moyennant du Bakchich) pour ouvrir un café et y investir d’importantes sommes d’argent dans un secteur, que j estime sincèrement improductif pour le Pays.

En agissant de la sorte, les Autorités créent et encouragent bel et bien l’immobilisme des éléments actifs de l’Economie nationale (Fonctionnaires et Salariés tous SALTINES), une concurrence malsaine entre les propriétaires des cafés qui ignorent qu ils ne seront pas seuls pour longtemps dans un domaine momentanément lucratif. Cette concurrence aurait pour eux des conséquences fâcheuses a moyen terme, puisque ces cafés-la qui poussent comme des lapins dans tout le Maroc d’aujourd hui vont perdre une clientèle instable, sont dans leur majorité des lieux de la parlote (NAMIMA), souvent a l’origine de beaucoup de problèmes familiaux : Perte sèche de temps et d’argent pour les habitués, problèmes conjugaux conduisant au divorce, délinquance d’enfants, abandons fréquents de poste de travail par les fonctionnaires de l’Etat, les salariés du secteur privé,etc,..etc

Ajoutant a tout cela la pluviométrie qui était cette année loin des 300 mm d’eau /m2 nécessaires pour notre agriculture. Le manque vital d’eau va avoir ipso facto des répercussions néfastes cette année sur la rentabilité de l’Agriculture Marocaine, qui va se traduire s»rement par une augmentation générale des prix de produits de première nécessité, rendre la vie plus chère au Maroc comparativement a certains pays Européen de moyenne importance (le Portugal et l’Italie par ex.).

Cet état de choses va inévitablement provoquer un licenciement massif de milliers d’ouvriers et ouvrières agricoles (si ce n’est déja fait), en majorité jeunes prêts a tout, dont certains sont encore des adolescents en pleine métamorphose.

Cette marée humaine de force jeune sans emploi va prendre le chemin de l’exode vers les villes côtières (El-Jadida par ex.) a la recherche d’un séjour meilleur. Pour cette année-la, l’arrivée massive de jeunes filles et garçons sans emploi, ça sera a coup s»r la goutte d’eau qui fera déborder le vase de la sérénité de la ville. Pour cette raison, et c’en est pas la moindre, que notre ville d’habitude sans problèmes, connaîtra cet été une affluence démesurée d’estivants et de festivaliers, dont certaines brebis galeuses parmi eux vont aller jusqu a multiplier les actes de vandalisme.

Moralité :

L’été s’annoncera trop chaud cette année. En vue de contrecarrer d’éventuels dérapages ou toutes mauvaises conduites morales de certains « ours mal léchés », amateurs de la criminalité mineure et « casseurs » de surcroit, il importe dorénavant de prévoir le renforcement et l’assurance sans faille de la sécurité des biens publics, des citoyens et citoyennes, par l’augmentation de l’effectif des agents de la Sureté Nationale habillés en civile, en activant leur mobilité et leur présence effective, le jour comme la nuit, pas seulement dans les quartiers huppés, mais surtout dans certains points noirs de la ville connus de tous, en procédant de temps a autre a des raffles comme dans le bon vieux temps.

Elmostafa ABDOUSS
Mohammedia, le 02 Juillet 2016

Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com

Auteur/autrice