Tour du monde en vélo, interview exclusif avec Jacques Dupuis

Jacques Dupuis, cycliste suisse ayant entrepris un voyage autour du Monde en bicyclette, de Juillet 2007 a Aout 2008, il avait débuté son aventure en parcourant France, espace, Portugal, Maroc, Mali, et le Niger; Et au Maroc, on avait la chance de l’accueillir pendant treize jour a El Jadida, de retour en suisse, il a accepté avec toute gentillesse de nous accorder cet interview exclusif.

Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs ?

Jacques Dupuis né, le 7avril 1947 a Lausanne en Suisse. Elevé avec mes parents et un frère de trois ans mon ainé. Ma jeunesse s’est passée sans problème dans un cadre familial idéal et a aucun moment, j ai eu l’idée d’être un aventurier et de parcourir le monde, encore moins en vélo, je crois même que j étais très attaché a mes racines. Puis je fais des études d’ingénieur en génie civil et pratique ce métier durant dix-huit, puis j enseigne pendant vingt ans, dans une école professionnelle.
Très tard dans ma vie, il y a quatre ans, un millième de seconde a bouleversé mon existence, au pied de mon lit bien éveillé, m est apparu un tableau lumineux représentant distinctement les continents de notre planète. De cette vision m est venue l’ambition de parcourir le monde en vélo.
Enseignant a la retraite depuis le 1er novembre 2008, j ai choisis de faire le tour du monde en vélo, plus que le tour du monde, car j aimerai parcourir tous les continents du nord au sud ou du sud au nord ! Séparé de mon épouse qui vit a Pully en Suisse, nous avons deux grands garçons qui sont mariés et ont des enfants.

Vous avez commencé votre voyage autour du monde en novembre 2007 de Lausanne en Suisse. Votre stratégie pour ce projet grandiose et ambitieux?

Ce projet est grandiose et ambitieux c’est vrai et je n’ai pas de stratégie particulière si ce n’est de me fier aux habitants, connaissant bien les coutumes et les lieux, qui me guident et me conseillent dans mon périple. Après cette première expérience, j ai décidé de voyager durant huit mois et de rentrer en Suisse chaque année. Je désire absolument voyager a la découverte et a l’improviste, ce qui donne beaucoup de piment a ce genre d’aventure.

Mais vous avez commencé votre voyage par l’étape la plus difficile, en l’occurrence l’Afrique qui se caractérise par une température très élevée, le manque d’eau potable et le désert…

En effet maintenant je sais que l’Afrique est peut-être le plus difficile, mais la chaleur humaine et l’hospitalité est tellement grande. Les rencontres et contacts journaliers, plus particulièrement dans les villages, me donnent la force et l’envie de poursuivre mon voyage. En vélo on se rend compte très vite des problèmes des personnes dans chaque région, souvent le manque de travail, des revenus très faibles, mais toujours cette façon de voir positivement la vie et de garder l’espoir de jours meilleurs. Pour les questions de ravitaillement je n’ai pas rencontré de grands problèmes, car dès le Maroc j ai vécu, j ai mené la même vie que les indigènes, en buvant l’eau, mangeant la nourriture locale et dormant avec mes hôtes qui deviennent très vite des amis.

Le dimanche 3 février 2008, vous avez écrit dans votre site:” Des premiers mille kilomètres en vélo a travers le désert, je retiens deux mots: humilité et ténacité”. Pouvez-vous nous expliquer d’avantages?

Le désert me fascine, la beauté des dunes de sable, la végétation aride, mais présente, les troupeaux de dromadaires, le vent, parfois ami, mais le plus souvent ennemi et les rencontres avec les nomades qui sont d’intenses moments d’échanges et de chaleur humaine.

Pouvez-vous nous dresser un bilan de la situation entre la richesse des pays du nord et la pauvreté des pays du sud?

Un paradoxe la richesse des pays du nord et la pauvreté des pays du sud. Le continent africain regorge de richesses et c’est désolant de voir tant de pauvreté et de misère humaine. Personnellement je pense que tout cela est d» et voulu par les pays riches. Prendre les matières premières en Afrique et les manufacturer en Europe où hors de l’Afrique. Un simple exemple, a Bamako au Mali, des milliers de scooters circulent en ville en provenance de la Chine, alors pourquoi ne pas construire une usine de montage au Mali, ce qui donnerait un essor économique a toute une région.

Votre passage au Maroc, Et plus particulièrement a la ville d’El Jadida, vous a impressionné. Voulez-vous partager ses moments de plaisir avec les lecteurs?

Pour moi le Maroc reste le pays le plus riche et varié, les villes, la campagne, la montagne, le désert, la mer avec des paysages partout a couper le souffle. El Jadida, ville historique et portuaire au charme incroyable, ville qui respire le bien être ! A Kenitra, c’est l’ennui mécanique, la gente arrière éclate, malgré une réparation de fortune j arrive jusqu a El Jadida et la, suis obligé de demander de l’aide et propose que l’on m envoie une nouvelle roue de la Suisse. Comme cette dernière tarde a venir je dois séjourner dans cette magnifique ville d’El Jadida, trois semaines, qui me permettrons de découvrir avec mon pot Ali, la cité Portugaise, le port et de faire de longues ballades agrémentées de discussions animées et constructives sur la région et la vie marocaine en général. Une grande amitié est née avec Ali et nous projetons d’entreprendre des excursions dans l’Atlas.

Le 27 aout 2008, vous avez écrit dans votre site:” l’aventurier revient de loin, j ai vraiment été atteint très gravement dans ma santé. Depuis quelques jours, je suis sorti de l’hôpital et je remonte gentiment la pente”. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est arrivé?

Proverbe africain « Si tu jettes un tronc d’arbre dans la rivière, il ne deviendra pas un caïman !». Plus de six mois passé sur le sol africain, des milliers de kilomètres parcourus a vélo, je me suis vraiment senti aussi fort que les indigènes et peut-être que je n’ai pas pris toutes les mesures qui s’imposaient et en deux jours je me suis retrouvé sans force, incapable de bouger, atteint par la malaria, la typhoïde, la jaunisse, complètement déshydraté et avec une forte dysenterie. Ce qui a provoqué mon rapatriement en Suisse de toute urgence. A Bamako, j étais dans le coma et on m a fait une transfusion sanguine qui m a a coup s»r sauvé la vie. La maladie m a arraché de mon voyage et l’a interrompu momentanément.

Le voyage autour du monde est un périple long et dur. Comment vous vous préparez au niveau psychologique et physique pour affronter les dures épreuves?

Aucune préparation particulière, tout simplement je sens une force énorme en moi qui me pousse quotidiennement. Je découvre que le voyage a vélo est un mode de vie et je m y adapte très facilement. Faire ses bagages le matin, parcourir en moyenne 80 km et s’installer pour la nuit, c’est une habitude que l’on doit prendre. Ce qui est le plus difficile, c’est de s’arracher le matin pour poursuivre sa route alors que l’on se sent bien dans un endroit. Parfois il m arrive de profiter du bien être local et de séjourner quelque temps au même endroit.
Ce que je retire surtout de cette aventure, c’est de vivre le présent en m adaptant journellement aux coutumes locales et aux contrées traversées.

Pouvez-vous décrire aux lecteurs comment vous vous organisez généralement pendant une journée de votre voyage autour du monde?

Le plus difficile dans un périple autour du monde, c’est de s’arracher chaque matin du lieu d’accueil où des liens très forts se forgent et de poursuivre sa route. Il faut reconnaître que l’Afrique présente l’avantage de trouver chaque jour un abri pour la nuit et si l’on s’adapte aux conditions de vie qui sont souvent très difficiles, il n’y a pas de problèmes particuliers.

Quand vous êtes entrain de rouler en vélo durant votre voyage autour du monde, quelles sont les choses qui vous viennent a l’esprit?

Voyager en vélo avec des hauts dirigeants de chaque pays traversés pour qu ils se rendent compte des conditions de vie si difficiles. J ai un immense respect et une admiration sans limite pour tous les habitants de ce continent qui travaillent avec des moyens si limités.

Pourquoi vous avez choisi le vélo pour faire le tour du monde et non pas un autre moyen de transports: camping-car, 4.4, train…?

En vélo rien ne vous échappe, vous êtes proche des gens, vous partagez leur quotidien, vous comprenez leurs difficultés et lorsque l’on va a la rencontre d’autres cultures, cela me parait essentiel.

Le sponsoring est un élément clé dans la réussite de votre voyage autour du monde. Avez-vous pensé a ce problème qui fait défaut a votre voyage?

Liberté, n’avoir de comptes a rendre a personne, pour moi cela représente l’essentiel !

En guise de conclusion, quel message voulez-vous faire passer aux Etats, aux peuples et aux nations du monde?

Suite a ma transfusion j ai du sang africain qui coule dans mes veines, c’est plus qu un symbole. J aimerai que chaque être humain vive décemment, que la misère dans le monde diminue et que le respect et l’amour pour son prochain soient profondément ancré dans tous les habitants de notre planète, c’est peut-être une utopie, mais dans chaque individu, une place est réservée a cet effet.

Merci jacques

Pour mieux apprécier le voyage de jacques : Visitez son site internet
– http://www.mondenvelo.ch

Abdelali NAJAH et Abderrahmane BENSFAIA

Auteur/autrice