Malgré les efforts des autorités locales sur le plan socio-économique, la ville d’El Jadida va mal : une absence quasiment totale des salles de ciné, aucune festivité cinématographique régulièrement faite et reconnue au moins sur l’échelon national… bref, notre ville dégringole vers le vide intellectuel.
– (H.A 26 ans, commerçant) : « Je n’en ai pas besoin, tout simplement, parce que je peux voir chez moi, sans dérangement et sans payer aucun sou, des films inédits bien avant leur sortie officielle. En plus, mon travail ne me permet pas de fréquenter des salles de ciné. Je n’ai pas du temps a perdre ».
– (K.L 20 ans, universitaire) : « la plupart des films présentés dans les grandes salles de ciné sont, en ce moment, sur Internet. Il suffit d’utiliser un des logiciels de téléchargement, alors je ne vois pas l’intérêt d’aller aux salles de cinéma »
– (A.A 19 ans, lycéen) : « Dés que j ai Internet chez moi je télécharge sans cesse les derniers films du Box-office américain que je vois tranquillement sur mon pc portable ».
– (I.M 49 ans, enseignant) : « Oh !!!!! Les beaux souvenirs… La salle de ciné était le premier lieu où j ai rencontré ma petite copine qui est ma femme aujourd hui. c’était magnifique avec les films d’Abdelhalim Hafed, Sean Connery et tous les films romantiques qu on a vus ensemble ».
D un côté, Le cinéma est un art porteur d’une charge culturelle et un vecteur de l’aspect économique d’une zone géographique bien donnée- pour ne pas dire un pays- ce qui fait que chaque communauté regroupée dans un cadre social façonne et adopte son cinéma conformément a sa conjoncture politico-socio-culturelle. En outre, le septième art constitue un point de rencontre entre deux univers. Un est réel et présenté par un public, l’autre est la mise en scène d’une intrigue dans laquelle un certain nombre d’actants jouent et reflètent un système de valeurs qui ne correspond pas nécessairement, dans le cas des films étrangers, a celui du public autochtone.
De l’autre côté, le mot cinéma connote le lieu où on projette des films. En d’autres termes les films qui sont le fruit d’un travail collectif fait par la collaboration de cinéastes, d’acteurs, de producteurs et de techniciens ; doivent avoir un lieu où ils deviennent un produit vendu au grand public. Donc, il y a ce qu on appelle une relation trilatérale. Comment ?
Au point de vue économique, le public’est le véritable levier de « l’industrialisation » cinématographique, parce que c’est lui le consommateur. Cela veut dire qu on ne peut pas stimuler les capitalistes a investir dans ce secteur, sans qu il y ait une grande masse populaire attirée par le cinéma ou une clientèle, comme on dit dans le jargon économique. Au point de vue culturelle, le cinéma a un rôle très important a jouer. c’est vrai qu elle est réduite, aux yeux du public, a une simple ligne droite allant d’un début a un dénouement et passant par un nœud. Mais en réalité, il contribue a l’éminence de la faculté de discerner la beauté et les défauts dans les productions cinématographiques. Il participe, également, a attribuer au spectateur les outils et les moyens qui peuvent lui permettre de monter au stade d’un être culturel capable de perfectionner sa vision en se basant sur le rapprochement entre le film (monde fictif) et son vécu (monde réel). Toujours dans le même cadre culturel, l’importance de la salle de ciné vient du fait qu elle ouvre la voie devant ce débat avec l’image cinématographique dans la mesure où il y aurait un contact conflictuel des deux visions.
En dépit de tout ce qu on a dit sur l’utilité de l’ensemble de ces trois éléments, la ville d’El Jadida ne compte pas une seule salle de ciné qui est bien équipée et offrant un espace confortable au public local.
– c’est l’effet du piratage, s’indigne un jdidi (agent de banque, 40 ans), il est la principale cause de la ruine de la quasitotalité des gestionnaires de salles de cinéma.
D une manière évidente, le piratage est l’ennemi numéro un dans la liste de tous les professionnels du cinéma. Les chiffres sont flagrants. d’après une étude qui était faite par MPAA (Motion Picture Association of América), Plus de 6,1 milliards de dollars est la somme que les studios américains estiment avoir perdu en 2005. Mais ce qui fait chaud au cœur, c’est que les autorités chargées de contrôler l’industrie du cinéma dans le pays de l’oncle SAM ne cèdent pas. La preuve les films d’Hollywood ravagent toutes les salles obscures partout dans le monde. Donc, il y a une politique menée qui vise a générer un climat de conscience au sein du public américain et même international afin que ce dernier évite le cinéma du piratage et s’oriente vers le cinéma en salle. Malheureusement, chez nous, Au Maroc et plus précisément a El Jadida, on ne trouve pas ce genre de campagne de sensibilisation et jusqu a présent les autorités locales ont baissé leurs bras devant ce phénomène du piratage qui est devenu un véritable rival de toutes les œuvres cinématographiques.
Akharraz Akram
