Impact du tourisme international sur la société marocaine

Avant d’aborder la réponse a cette question relative a l’impact du tourisme international sur la société marocaine, il paraît indispensable d’en décrire un peu même d’une manière schématique, les différentes étapes de son évolution a travers l’histoire, les différents rôles qu il a joués ou qu il est encore en train de jouer et son impact d’une manière générale.

Bien que l’explosion du tourisme repose sur sa démocratisation au sein des pays riches, son internationalisation n’en confirme pas moins son caractère inégalitaire, et le discours humaniste de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), son option libérale. Révélateurs des disparités Nord-Sud, les flux touristiques creusent les écarts : les tour-opérateurs transnationaux se partagent une part croissante des profits et le « premier monde » s’impose toujours comme le principal émetteur et récepteur des « migrants de plaisance »

Pour autant, le tourisme est devenu la première source de devises pour un tiers des « pays en développement ». A quels co»ts sociaux, environnementaux et culturels ? Privatisation du patrimoine, saccage des écosystèmes, folklorisation des sociétés, consommation des moeurs la monoculture du tourisme massifié et la diversification tous azimuts de son offre induisent-elles autre chose qu un « nouvel usage occidental du monde.

Les initiatives en matière de tourisme éthique veulent le croire. Reste que la réalité du rapport inégal entre « visiteurs » et « visités » et celle, plus globale, du déséquilibre entre promoteurs de l’industrie touristique et populations locales appellent de nouvelles régulations.La massification et l’expansion planétaire du tourisme international sont dues a la libéralisation du marché des compagnies aériennes.

Sa démocratisation est liée a l’élévation du niveau et la qualité de la vie favorisés par l’explosion des communications. Jadis réservé aux explorations et aux villégiatures aristocratiques d’une poignée de privilégiés, le luxe du voyage d’agrément a connu son expansion progressivement jusqu a toucher les classes les moins nanties.Le tourisme mondial est un phénomène majeur des sociétés contemporaines, pas seulement en tant que fait économique de premier plan mais aussi comme réalité socioculturelle d’envergure mondiale.L activité touristique supranationale, longtemps sous-évaluée, s’impose comme « un des leviers les plus puissants de la mondialisation » et assume désormais « un rôle central et décisif » dans l’évolution de l’économie internationale et des rapports.

Il s’agit la de promouvoir de nouvelles formes de tourisme, plus adaptées, plus vertes, plus douces, plus appropriées, plus écologiques :
– le tourisme solidaire et durable qui exprime en fait une volonté de considérer cette activité de tourisme et de voyage comme un vecteur de développement durable dans les territoires où elles se déroulent. Sa planification et son développement doivent faire appel a une participation plus importante de la population locale a travers la promotion d’une politique de partenariat.

Il est important a ce que les communautés locales, puissent :
– participer activement a toutes les phases de la mise en oeuvre du projet
– Pouvoir réellement les contrôler dans les limites de leur territoire traditionnel.Facteur irremplaçable de solidarité dans le développement et de dynamisme dans les échanges internationaux, les entreprises multinationales de l’industrie touristique doivent éviter de devenir le vecteur de modèles culturels et sociaux artificiellement imposés aux communautés d’accueil ; en échange de la liberté d’investir et d’opérer commercialement qui doit leur être pleinement reconnue.Dans un contexte mondial où la nécessité de rapprocher les peuples et les cultures est plus que jamais évidente et où il est démontré que le touriste souhaite se tourner vers de nouvelles formes de tourisme plus interactives et plus authentiques, le développement d’un tourisme durable et solidaire en milieu rural offrant des découvertes innovantes avec une implication de la population locale, semble être réellement judicieux et pouvoir répondre a des enjeux réels de coopération économique et de développement local.Aujourd hui, 59 % des touristes qui visitent le Maroc circulent en zones rurales durant leur séjour, mais il ne s’agit la que de transitaires entre les grands centres urbains qui s’arrêtent pour, tout au plus, prendre une photo ou un verre de thé

En plus, bien s»r, des 35.000 et 50.000 randonneurs dans les montagnes de l’Atlas, et des 70.000 a 80.000 qui choisissent les circuits du grand Sud, le reste des touristes étrangers ne dépense pas le moindre centime dans les campagnes, pour la simple raison que les circuits touristiques proposés ne laissent aucune place a une véritable consommation en milieu rural.Le Maroc’est l’un des pays africains et arabe qui compte beaucoup sur le secteur de l’industrie touristique pour le développement de son économie.

Il a ainsi vécu toutes les étapes des différents types de tourisme : en passant par le tourisme de plaisance au tourisme de masse, en arrivant actuellement au tourisme solidaire et durable. Afin d’en profiter et grossir sa part sur le marché hautement concurrentiel des destinations touristiques, notre pays a déja commencé a s’adapter aux nouvelles normes en affichant les caractéristiques requises et en offrant un certain nombre de conditions de base, en termes de sécurité, d’attractivité, de développement des infrastructures, de diversification des produits, dans toutes les régions dotées de paramètres naturels et socio culturels susceptibles d’offrir les assises structurelles pour un tourisme sain et rentable. Ainsi sont implantés dans presque toutes les villes et régions du pays , des hôtels de haute classe, des maisons d’hôtes, des Riad style arabesques aménagés conformément aux exigences esthétiques et protocolaires, décorés des plus hauts conforts, présentant les plus belles recettes culinaires et artisanales marocaines.En effet, le Maroc’est l’une des destinations touristiques les plus visitées en Afrique du nord avec la Tunisie et l’Egypte

En effet les touristes étrangers sont de plus en plus nombreux grâce a l’accueil et l’hospitalité dont ils jouissent de la part des établissements touristiques et des autochtones et aux différentes activités qui agrémentent leur séjour sans compter l’intérêt culturel dont ils profitent tant au niveau des mœurs et traditions qu au niveau patrimoine historique Il est normal que l’impact de tout cela est bénéfique tant pour les établissement touristiques privés que pour la société. Cela se traduit par l’apport des devises, un activité commerciale très importante, l’encouragement de l’artisanat, la création des emplois officiels et périodiques

Aussi faut-il ajouter l’impact sur les bonnes relations qui se tissent entre les autochtones et les migrants qui séjournent pendant une longue périodeCependant, il est regrettable de signaler que certains actes a caractère indécent commis malheureusement ça et la par une catégorie de touristes irresponsables et irrespectueux commencent a entacher cette activité combien agréable et bénéfique dont la stabilité se voit déja menacée dans certaines régions connues par la pauvreté et l’abondance des touristes.Ce phénomène favorisé par l’Internet, le dit touriste ne trouve aucun problème pour convier qui il désire pour toute sorte de débauche loin de tout contrôle répressif et malheureusement au su de tout le monde

D autres inconvénients dont on pourrait se plaindre relativement selon les régions et d’une manière générale :
– si l’écart entre le niveau de vie local et la bourse des visiteurs de passage déstructure souvent l’économie (sans même parler des pressions inflationnistes) , il peut aussi désorganiser en profondeur une société : Lorsqu un pourboire, une course de taxi payée en dollars ou un « service sexuel » suffisent chacun a dépasser un ou deux salaires mensuels locaux, le pays hôte n’est a l’abri d’aucune dérive. Pour preuve, non seulement la quantité d’intellectuels ou professionnels (de l’éducation ou de la médecine par exemple) qui se reconvertissent, dans de petits boulots de service, mais aussi le développement massif de la prostitution, du tourisme sexuel, de marchés noirs, de trafics divers et autres réseaux mafieux locaux Ces phénomènes de débauche suscitent chez les citoyens conservateurs une attitude vindicative regrettable qui finit généralement par des situations dramatiques

De même ils commencent a nourrir chez les islamistes politiques et la société civile l’insatisfaction et le refus de tout nouveau projet a caractère touristique soupçonné de ce genre d’actes

– la qualité des emplois générés souvent précaires ou saisonniers, ils s’adressent encore dans certaines régions a une population sous-qualifiée, sans protection sociale, lorsqu ils ne concernent pas directement les adolescents ou les enfants.
– On voit ainsi des secteurs informels (vente de souvenirs, restauration) se constituer autour des enclaves touristiques, au détriment des activités agricoles ou des savoir-faire traditionnels
– Les chocs culturels : folklorisation commerciale du patrimoine culturel.
– Au mieux, l’autochtone s’adapte pour en tirer profit ; au pire, il est lui-même instrumentalisé par d’autres intérêts, comme ces « peuplades indigènes » parquées, que l’on visite, appareil photo en bandoulière, comme l’on visite un zoo.
– l’empreinte environnementale de l’industrie touristique pose aussi de multiples problèmes en chaîne : Les exemples abondent où l’établissement d’un complexe hôtelier, d’un golf ou d’une station balnéaire s’est réalisé grâce au déplacement contraint de populations locales, a la suite d’acquisitions plus ou moins légales ou encore a la faveur de privatisation de ressources de base dont bénéficient peu ou pas les autochtones.
– Tourisme équitable, durable, de proximité, intégré, écologique, apprivoisé, éthique, alternatif, solidaire les appellations pullulent, mais toutes renvoient, selon des modalités diverses, a la responsabilité du tourisme international dans le bien-être des populations visitées.

Mohamed RIFKI

Auteur/autrice