Le henné noir a bannir… Les risques sur la santé sont énormes

De son nom scientifique Lawsonia inermis , le henné est un arbuste épineux dont les feuilles produisent des teintes (rouge et jaune), utilisées notamment dans le textile. Récoltées au Maroc en abondance dans la région d’Azemmour près d’El Jadida, ses petites fleurs sont également utilisées pour extraire un parfum très apprécié.

Les feuilles du henné sont récoltées, séchées puis réduites en poudre a laquelle on ajoute du jus de citron, de l’eau de rose ou de fleur d’oranger et de l’eau afin d’obtenir une pâte onctueuse. Le jus de citron peut être remplacé par une huile essentielle, ce qui a pour effet de rendre le tatouage plus résistant dans le temps.

Pour assombrir la couleur, l’on peut y ajouter un liquide foncé tel que le thé ou le café. Le sucre peut également être utilisé pour obtenir une uniformité au niveau des teintes. Certains tatoueurs, et c’est de plus en plus fréquent, y ajoutent un produit chimique dangereux pour obtenir cette couleur foncée.

En effet, depuis quelques années, et a cause de la richesse des motifs fantaisistes, la fièvre du tatouage au henné noir s’est emparée des jeunes filles et même des garçons. Un tatouage au henné naturel, selon le temps d’application, dure une a deux semaines alors que l’henné noir, artificiel, peut durer plus d’une quinzaine de jours.

Il faut savoir que le henné noir n’existe pas dans la nature. Le henné naturel, inoffensif, a une couleur marron, rousse a jaunâtre, selon la préparation et la durée d’application. Une teinte plus foncée et plus résistante est obtenue de deux façons. Soit naturellement, on y ajoutant un extrait d’indigo (Indigofera tinctoria), qui ne pose aucun problème d’allergie. Soit, et c’est souvent le cas, les «Hennayates» ou «Nekachates» ajoutent, lors de la préparation de la pâte du henné, un produit chimique synthétique, bon marché, appelé Paraphénylène diamine (PPD). c’est un produit très toxique et un puissant allergène.

Le PPD peut provoquer des allergies retardées avec apparition, un a quinze jours après le tatouage, d’un eczéma reproduisant le motif du dessin tracé au henné. Plus grave, cette allergie peut conduire a long terme a une hypersensibilité a vie. Il faut également savoir que certaines Nekachates utilisent des seringues de récupération , ce qui constitue un autre danger pour les utilisateurs, notamment la transmission de certaines maladies. c’est pour cela que beaucoup de pays ont interdit le PPD. Son utilisation est régie par une loi très stricte et un étiquetage bien clair.

Au Maroc, aucune loi ne l’interdit, il est même vendu dans de petits flacons, souvent en plastique, sans aucune mention ni sur son origine, ni sur sa date de fabrication et encore moins sur sa date de péremption.

Rien de mieux que le naturel

Si vous êtes tenté par le tatouage au henné, demandez toujours aux “Nekachates” si la pâte qu elle utilisent contient du diluant, car chez ces «tatoueuses» traditionnelles, souvent le PPD est appelé a tort “diluant .

Demandez également l’origine de la seringue et s’il le faut, acheter en une d’une pharmacie. Enfin, en cas d’allergie, allez voir immédiatement un médecin dermatologue. A titre indicatif, pour un tatouage a 10 DH, et en cas d’allergie, le traitement vous co»tera plus de 500 DH, sans parler des séquelles. A vous de choisir entre henné naturel rouge-brun, très beau, ou un henné noir artificiel, qui risque de vous noircir la vie durant plusieurs semaines.

Abdelmajid NEJDI
Le Matin

Auteur/autrice