Rencontre autour de la cité portugaise

La rencontre a été inscrite dans le cadre du 5e anniversaire de l’inscription de la cité portugaise sur la liste du patrimoine mondial (le 30-6-2004), a l’initiative du Centre d’études et de recherches du patrimoine maroco-lusitanien a El Jadida, en collaboration avec l’Association de la cité portugaise. Cette table-ronde, qui vise principalement a mettre en place des projets de sauvegarde et de réhabilitation qui témoigneront de la position d’El Jadida comme destination culturelle d’envergure internationale, avait comme objectifs de relever les bons et les mauvais côtés dans la gestion du site, favoriser la concertation entre les décideurs et la société civile, exprimer les attentes de la population et des spécialistes, tirer l’alarme quant aux obligations vis-a-vis de l’Unesco et dresser des recommandations pour une meilleure réhabilitation de la cité.

En moins de 3h, 15 conférenciers ont présenté de courtes communications suivies d’un riche débat. Les intervenants ont tour a tour apporté leurs témoignages tant sur l’absence de coordination entre les services concernés par la gestion du site, l’insuffisance des interventions techniques (restaurations), le manque absolu de stratégie et de vision globale concernant la revalorisation et la réhabilitation, la transgression de l’aspect architectural des monuments et demeures privées, le pillage de certains produits muséaux et architectoniques, la discordance des alentours avec l’aspect de la forteresse, le manque flagrant de communication et de sensibilisation, l’absence de politique de promotion et de stimulation du tourisme culturel et d’investissements.

Ils ont aussi relevé que plusieurs monuments sont inexploités, d’autres sont inconnus des visiteurs et qu il y a insuffisance des activités d’animation et la banalité de la plupart de celles que connaît la cité dans ce sens. Ils ont également exprimé leur étonnement et leur stupéfaction quant a l’écartement du Centre du patrimoine maroco-lusitanien de tous les projets relatifs a la cité portugaise. Le directeur dudit centre a qualifié cela d’«embargo».

Les participants ont formulé des vœux (recommandations), qui seront bientôt adressés a tous les responsables locaux et nationaux, tout en exprimant leur vif désir de pallier a tout déficit, souhaitant aussi vivre demain une parfaite symbiose et collaboration entre tous les responsables concernés par la cité portugaise avec une bonne place réservée a la société civile. Ainsi, paraît-il que les participants, comme la société civile, sont plus conscients que les responsables des menaces que court la cité portugaise avec le mode de gestion actuel si l’on prend en compte les exigences qui incombent a un site qualifié de patrimoine universel. Et dire qu on est en train de trouver la bonne solution!

Il est temps d’initier une stratégie de sauvegarde et de réhabilitation de la cité portugaise en concertation avec la société civile, les chercheurs et les experts afin d’améliorer l’image de la capitale des Doukkala comme ensemble unique et spécifique et son repositionnement comme une destination culturelle et non pas uniquement et seulement une cité-dortoir.

Sonnette d’alarme

La cité portugaise présente un ensemble urbain, architectural, historique et culturel parmi les plus remarquables du Maroc. Ce site a été choisi par les Portugais pour des raisons stratégiques en raison de sa proximité de la mer et de la facilité de défense. La cité portugaise a souffert durant la 2e moitié du XXe siècle, avec le manque absolu de stratégie et de vision globale concernant sa revalorisation et sa réhabilitation, ce qui a entraîné la dégradation ou la disparition de bâtiments remarquables.

La confrontation entre l’état actuel et la couverture aérienne des années cinquante est alarmante: de nombreux édifices ont été rasés ou sont dans un état de ruine nécessitant une totale reconstruction, de nombreuses maisons et portes portugaises ont également été rayées de la carte durant ces dernières années. Les rares restaurations effectuées ne respectent pas les normes. La sonnette d’alarme avait été actionnée a maintes reprises et les Jdidis ne cessent de déplorer l’état de délabrement continu de cette cité. c’est vrai que le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2004 couronne une série d’études et de missions, d’initiatives et d’actions d’information et de sensibilisation.

Ce classement porte la cité portugaise et le Maroc au-devant de la scène internationale et implique un engagement fort des autorités, du Conseil municipal et des administrations nationales dans une politique de sauvegarde et de mise en valeur de la cité portugaise. Mais faute d’une réelle volonté politique, on assiste au délabrement de cette cité de jour en jour. Allez voir les graffitis et les canons jetés comme des mégots, les saletés répugnantes Vraiment, c’est un crime!

Abdelmajid Nejdi
Le Matin

Auteur/autrice